Pérégrinations photographiques
Le livre d’Henri Lefèvre « Droit à la Ville » comme celui de Pierre Sansot « Poétique de la Ville » font partie des ouvrages qui ont fondé puis guidé l’activité professionnelle d’urbaniste de Franck Savonnet où la question de l’habitat a toujours été au centre, quel que soit les fonctions exercées, au sein d’associations, de bureaux d’études ou de collectivités territoriales.
En partant de Paris en avril 2027 pour atteindre Tokyo sept mois plus tard, ce voyage en side-car sera l’occasion de poursuivre d’une manière sensible des réflexions menées dans le cadre de travaux d’études ou de développement de projets autour de la fabrication de la ville et de la production ou de l’amélioration de l’habitat.
Les types d’habitat et des modes d’habiter constitueront ainsi le fil rouge de son regard, de la mer Caspienne aux confins de l’Orient.
En se mettant dans les pas des photographes voyageurs, en premier lieu ceux envoyés par Albert Kahn au bout du monde pour la constitution des Archives de la planète, il sera animé par l’envie de donner à voir la complexité d’une réalité. Face au mystère du réel, il cherchera à explorer « l’âme des lieux » afin de rendre compte d’un certain rapport au monde à travers les pratiques de l’habitat.
Riches de leurs héritages multiples, mosaïques culturelles et linguistiques, les pays d’Asie Centrale et leurs populations, confrontées à de profondes mutations, offrent l’opportunité de « mettre en lumière » une grande diversité de formes d’habitat et de rapports avec « l’habiter ».
Les formes et les pratiques de l’habitat seront de fait de nature différente entre Astana, nouvelle capitale du Kazakhstan avec son architecture syncrétique clinquante, et les populations nomades des plaines de ce même pays ou des montagnes du Kirghizstan. Elles le seront aussi certainement entre les quartiers médiévaux et pré coloniaux de Boukhara et les morphologies urbaines des villes de l’ère soviétique de Bichkek (Kirghizstan) ou Douchanbé (Tadjikistan) et elles le seront encore entre les quartiers de Yourtes qui s’agglomèrent à la périphérie de Oulan-Bator, en Mongolie, et Tachkent, en Ouzbékistan, où un processus d’effacement patrimonial est à l’œuvre avec d’importantes opérations de rénovation urbaine.
En s’immergeant dans une forme d’inconnu, il s’agira de « voir, observer, penser», comme le disait le portraitiste August Sander, en s’inscrivant très modestement dans la continuité des photographes humanistes (Ronis, Riboud, Cartier-Bresson, Boubat, Brassai, Izis ….).
Pas de photos de voyage donc mais un voyage où « on ouvre l’œil », selon la formule consacrée de Cartier-Bresson.
Le side-car, mode de transport d’une autre époque, source d’étonnement et de curiosité amusée, facilitera de façon certaine les contacts et les interactions, préalables indispensables aux relations de confiance à établir avec les sujets photographiés comme avec les témoins locaux (architectes, urbanistes, photographes..).